Je suis arrivée au Laos par le nord de la Thaïlande, début septembre 2009. Mon premier contact avec ce pays s’est donc fait par le nord-ouest et j’ai très vite été frappée par l’ambiance de la région qui correspondait exactement à ce que j’étais venue chercher.

En effet, j’avais en tête de faire un sujet photo sur des villageois et ce depuis le début de mon voyage qui avait commencé deux mois plus tôt. Malheureusement, au Cambodge et en Thaïlande, premiers pays de ma découverte de l’Asie du sud-est, je n’ai jamais trouvé de petits villages correspondant à l’ambiance que je souhaitais trouver. J’ai vécu des expériences passionnantes dans ces deux pays mais je gardais une certaine frustration vis-à-vis de ce sujet qui me tenait à cœur.

Lorsque j’ai découvert le Laos, j’ai tout de suite été séduite par ce je-ne-sais-quoi qui planait dans l’atmosphère. Un trajet de bus plus tard, j’étais à Luang Namtha, un petit village de montagne lui-même entouré de bourgades plus petites les unes que les autres. C’était exactement le genre de lieux que j’avais imaginé pour réaliser mon sujet.

Je me suis donc lancée dans une visite systématique de tous les villages accessibles à vélo à partir de mes deux points de chute, Luang Namtha et Nong Khiaw, en allant à la rencontre des habitants. Ma démarche s’est avérée être une occasion incroyable pour établir des relations, rencontrer des hommes, des femmes, des enfants, comprendre leurs vies, leur culture.

J’ai choisi d’axer mon sujet sur les émotions que j’ai perçu ou ressenti à leur contact, leurs émotions comme les miennes sans pour autant prendre ce terme de façon caricaturale car ce ne sont pas des larmes que je cherchais mais ces émotions plus subtiles qui font le quotidien. Ici un rire, là une inquiétude, une fierté… les visages nous racontent leurs histoires dans la simplicité du quotidien.

Mes modèles posent comme ils sont, je ne leur demande pas de faire ceci ou cela. Ce qui m’intéresse c’est ce qu’ils dégagent par eux-mêmes malgré la présence de l’objectif. Tous se savent photographiés, je le leur demande systématiquement. Si j’obtiens un refus, je m’abstiens, même si la personne me plait énormément.

J’ai choisi de mélanger des portraits individuels, des familles et des scènes de vie dans le but d’apporter une vision globale de cette ambiance qui m’a frappée, espérant refléter fidèlement la vie des villageois du nord Laos.

Quoi qu’il en soit j’ai moi-même vécu des émotions très intenses en prenant ces photos. Chaque rencontre m’a marquée et j’éprouve à l’égard de ces gens une reconnaissance infinie pour leur accueil et pour tout ce qu’ils ont accepté de partager avec moi. Ces mots sont peut-être d’une banalité totale mais je les écris en toute sincérité car, de mon point de vue, il s’est réellement passé des choses très fortes entre eux et moi. C’est d’ailleurs là que réside la magie de la photographie de personnages à mon avis, dans les émotions qui passent dans cette rencontre très particulière, provoquée par l’envie de garder un instant.